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Convertissez le temps d’écran en temps réel
Par Julie-Anne McCarthy
Office régional de la santé de Winnipeg
Publié le vendredi 27 juillet 2018
Depuis des années, les experts en santé mettent en garde contre le fait que de nombreux enfants passent trop de temps devant un écran comme un ordinateur, une console de jeux, un appareil mobile ou la télévision.
Le résultat, disent-ils, c’est que de nombreux enfants ne font pas l’exercice dont ils ont besoin pour rester en bonne santé physique. Mais il s’avère que ce n’est peut-être pas le seul dommage causé.
Les dernières recherches révèlent qu’un temps d’écran excessif peut également avoir des répercussions négatives sur le développement du cerveau, les aptitudes sociales et la santé mentale des enfants.
Les enfants qui passent trop de temps devant un écran peuvent manquer des expériences importantes qui favorisent un apprentissage social et émotionnel positif. On a également constaté qu’un temps d’écran excessif perturbe les habitudes de sommeil des enfants de tous âges.
Selon une étude récente menée en Chine sur 8 900 enfants d’âge préscolaire (de trois à six ans), ceux qui avaient passé plus de temps devant un écran étaient plus susceptibles d’avoir des problèmes de comportement et dormaient moins longtemps en général.
De plus, le temps passé devant un écran peut nuire au développement d’habiletés cognitives importantes, comme la capacité de se concentrer et d’enrichir son langage et d’acquérir du vocabulaire.
Selon un article paru en 2014 dans la revue Childhood Education intitulé Extending the Global Dialogue about Media, Technology, Screen Time, and Young children « . . . un temps d’écran excessif est lié à l’obésité infantile, aux troubles du sommeil, aux mauvais résultats scolaires, aux relations entre pairs difficiles et à la perte d’apprentissage. »
L’American Academy of Pediatrics estime que la croissance neurale se produit à un taux de 700 nouvelles synapses par seconde pendant la petite enfance, plus rapidement qu’à toute autre période de la vie. Le temps d’écran peut être particulièrement nocif pour les nourrissons et les tout-petits qui développent de nouvelles synapses à un rythme incroyablement rapide. L’exposition à la technologie numérique au cours de ces premières années peut avoir des conséquences négatives plus tard dans la vie.
Des études récentes suggèrent que les enfants ont besoin d’une interaction directe avec des adultes bienveillants et leurs pairs afin d’avoir des bases solides en matière de développement du cerveau, de capacités sociales, de santé et de bien-être en général.
Pour les enfants d’âge scolaire, la Société canadienne de pédiatrie recommande actuellement de passer moins de deux heures d’écran par jour (un temps d’écran pour les nourrissons de moins de deux ans n’est pas recommandé); des mises à jour de ces lignes directrices sont attendues l’an prochain.
Entre-temps, l’Agence de la santé publique du Canada rapporte que 74,5 % des enfants et des jeunes dépassent les lignes directrices canadiennes sur le comportement sédentaire pour la durée d’écran. Les données recueillies auprès de plus de 50 000 élèves canadiens de la 6e à la 12e année ont révélé que les jeunes passent en moyenne 7,8 heures par jour de temps d’écran, soit cinq heures de plus que la quantité recommandée. La qualité de la programmation est une autre considération; le temps d’écran n’est pas toujours de valeur égale ou nuisible.
Étant donné que la technologie est maintenant une grande partie de la façon dont les enfants apprennent, jouent et communiquent avec les autres, il est difficile d’imaginer qu’elle soit complètement coupée. Beaucoup de parents sont aux prises avec la question « Comment gérer le temps d’écran de mon enfant? »
La clé, c’est l’équilibre.
Le temps d’écran doit être équilibré avec d’autres activités telles que le jeu libre, les passe-temps et les activités de plein air. Lorsque les enfants ont plus d’activités dans leur journée qui ne nécessitent aucune forme de technologie, cela réduit le temps passé devant un écran. Il est important de se rappeler que les enfants apprennent mieux en faisant qu’en voyant. Les interactions interpersonnelles ou en personne sont nécessaires pour acquérir des habiletés sociales importantes, comme la résolution de problèmes et la capture de repères sociaux. L’activité physique est également essentielle au bien-être mental.
Au fur et à mesure que vous travaillez à la gestion du temps d’écran, assurez-vous que votre enfant bénéficie d’un soutien pour choisir d’autres activités. De nombreux enfants participent à des activités structurées, comme des sports organisés, des leçons de musique ou des cours de danse. Bien que ces derniers aident à réduire le temps d’écran, il y a encore plus de valeur dans le jeu non structuré ou « jeu libre ».
Le temps de jeu libre permet à l’enfant d’acquérir d’importantes aptitudes socio-émotionnelles telles que la régulation émotionnelle, la résolution de conflits et l’empathie pour les autres. Il aide également à développer la créativité et l’imagination, qui favorisent le développement sain du cerveau.
Même si les parents et les fournisseurs de soins peuvent être tentés de proposer des idées précises pour réduire l’ennui des enfants, il est utile pour votre enfant de résoudre des problèmes et de trouver sa propre façon d’utiliser son temps. Les parents peuvent soutenir ce processus en aidant leur enfant à dresser une liste d’activités sans écran. Votre enfant est plus susceptible de donner suite aux décisions s’il est inclus dans la planification et s’il est en mesure de choisir des activités qui l’intéressent.
La participation à diverses activités permettra à vos enfants d’explorer d’autres talents et de développer leur confiance et leur résilience. Plus les enfants s’engagent dans une variété d’activités et s’y amusent, plus ils sont susceptibles de recourir à des activités sans écran lorsqu’ils sont à la maison et cherchent quelque chose à faire.
En gérant le temps d’écran des enfants à un âge précoce, les parents aident leurs enfants à développer de saines habitudes et un équilibre dans leurs routines quotidiennes, ce qui les aidera à traverser l’adolescence et à atteindre l’âge adulte. Bien sûr, il n’est jamais trop tard pour commencer à gérer le temps d’écran. N’importe qui peut bénéficier d’un équilibre entre le temps d’écran et le temps « réel ». Il en résultera une meilleure santé globale pour tous les membres de la famille.
Julie-Anne McCarthy est spécialiste des programmes de promotion de la santé mentale auprès de l’Office régional de la santé de Winnipeg.