La pandémie met les experts en santé publique à l'avant-scène
Par la Dre Lerly Luo
Office régional de la santé de Winnipeg
Publié le lundi 9 août 2021
Tout au long de la pandémie liée à la COVID-19, les médecins de la santé publique ont été mis à l'avant-scène à l'échelle régionale, nationale et mondiale. Auparavant largement inconnus des personnes qu'ils servent, les médecins de la santé publique, comme les Drs Theresa Tam, Brent Roussin et Bonnie Henry sont devenus des noms familiers qui nous fournissent leur expertise, leur leadership constant et leurs conseils attentionnés depuis le début de cette crise de santé publique.
Bien qu'ils se soient retrouvés sous les feux des projecteurs durant la présente pandémie, ce groupe de médecins hautement qualifiés a travaillé fort derrière la scène tout au long de leurs carrières afin d'aider à améliorer la santé de la population.
Les médecins de la santé publique et les médecins hygiénistes en chef sont des experts dans le domaine de la médecine qui ont été formés pour comprendre les enjeux en matière de santé selon une perspective systémique. En voyant l'ensemble de la population comme notre patient, nous nous reposons sur l'épidémiologie (la méthode utilisée pour trouver les causes des maladies et des résultats de santé dans les populations) et les données de surveillance afin d’aider à prévenir les maladies et promouvoir la santé des membres de la société. À l'instar d'un médecin de famille qui prescrit un médicament et conseille un patient individuellement, les médecins de la santé publique recommandent des politiques spécifiques, l'élaboration de programmes, de nouvelles approches favorisant la santé de la population et l'engagement dans la sensibilisation et l'éducation du public.
La santé communautaire comportant de si nombreux aspects, le domaine de la santé publique est aussi varié qu'il est vital. Qu'ils travaillent pour lutter contre le changement climatique, promouvoir les modes de transport actifs, prévenir la syphilis ou se préparer en prévision d'une pandémie, les médecins de la santé publique peuvent œuvrer comme généralistes ou spécialistes dans un vaste éventail de domaines et sphères, notamment : maladies transmissibles, prévention des maladies chroniques et promotion de la santé, santé environnementale et gestion des urgences et des catastrophes.
Les populations vulnérables sont un autre volet du travail des médecins de la santé publique. Ces populations structurellement défavorisées incluent les personnes aux prises avec des dépendances, des logis non permanents, des bandes de rues, ainsi que les immigrants, les réfugiés et les populations autochtones. Au Canada, de nombreux médecins de la santé publique choisissent de pratiquer dans une clinique, par exemple en médecine familiale ou en santé-voyage, ou de pratiquer la médecine hospitalière afin de rester connectés aux soins de première ligne des patients et de guider l'élaboration des politiques et des programmes.
Parmi les aspects les plus importants de ce travail est la capacité de synthétiser des sujets complexes en matière de santé de façon à ce qu'ils soient facilement compréhensibles pour le public et incitent à modifier les comportements.
De même, les médecins de la santé publique doivent savoir utiliser leur expertise médicale pour renseigner et influencer les décideurs et les intervenants dans la poursuite d'une politique de la santé qui répond mieux aux déterminants sociaux sous-jacents de la santé et s'attaque aux causes fondamentales des grands enjeux de la santé des populations.
Tout au long de la pandémie liée à la COVID-19, tous les niveaux du gouvernement ont subi d'énormes pressions des différents segments de la population pour réagir à la crise de diverses façons : ajouter ou éliminer des restrictions ou changer le mode et le moment de la distribution des vaccins. Cette pression n'est pas toujours générée en tenant compte des preuves existantes et, par conséquent, les médecins de la santé publique ont eu la responsabilité d'être une source calme d'orientation et de consultation pendant ces temps difficiles et souvent déconcertants.
La santé publique a changé durant chaque pandémie. À titre d'exemple, la pandémie liée au syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) de 2003 a mené à la création de l'Agence de la santé publique du Canada en 2004, laquelle a fourni au Canada une main-d'œuvre unifiée entre les provinces permettant d'anticiper les menaces de santé publique et de mieux y répondre.
Quant à elle, la pandémie liée à la COVID-19 a apporté ses propres changements, entre autres, en mettant en évidence l'impact des inégalités en matière de santé, en reconnaissant l'interdépendance entre les disparités économiques et la santé des collectivités et en accélérant l'application étendue des soins virtuels.
Si les pandémies du passé et du présent nous ont enseigné une chose, c'est que la création de collectivités saines requiert un investissement continu et un engagement dans le domaine de la santé publique. À mesure que nous travaillons pour tirer le rideau sur la COVID-19 et nous tourner vers l'avenir, il reste à voir si les facteurs tels que l'augmentation de la résistance aux antimicrobiens, le changement climatique et l'interconnexion du monde entier dans la réponse à cette pandémie mondiale donneront lieu à une plus grande appréciation de l'importance d'appuyer les efforts en matière de santé publique.
Dre Lerly Luo est une résidente en santé publique et en médecine familiale à l'Office régional de la santé de Winnipeg.