La compassion est la carte de visite des praticiens en santé spirituelle
Par Deborah Martens et Doug Koop
Office régional de la santé de Winnipeg
Publié le lundi 17 octobre 2022
Pendant que la pandémie de COVID-19 venait bouleverser les lieux de travail de toute la province, les praticiens en santé spirituelle faisaient partie de ceux qui répondaient à un éventail de besoins en constante évolution dans le réseau de la santé.
Dans les hôpitaux ou foyers de soins, tous ont été touchés par la pandémie, soit les patients, les clients, les résidents, les membres de leur famille et le personnel. Beaucoup de ceux qui ont eu accès aux services de santé ou qui ont travaillé dans le domaine des soins de santé pendant cette saison, qui s'est avérée longue et incertaine, ont vécu un stress beaucoup plus intense que par le passé. Les émotions étaient parfois à fleur de peau.
Faisant partie d'équipes multidisciplinaires et collaborant avec le service de santé autochtone, les intervenants des services de soins spirituels ont continué d'offrir des ressources et du soutien aux personnes les plus diverses, en répondant à leurs besoins en matière de santé mentale et spirituelle. Parfois sous l'appellation d'aumôniers, ces spécialistes des soins en matière de spiritualité et d'affectivité ont œuvré dans des établissements de soins actifs et personnels durant la plus grande partie du siècle dernier.
La compassion est la carte de visite des praticiens de la santé spirituelle. Ils offrent leur soutien aux patients, aux familles, aux prestataires de soins et au personnel, quelle que soit la confession religieuse ou la spiritualité de chacun. Leurs services sont accessibles à toute personne en détresse spirituelle, émotionnelle ou existentielle, ou qui a besoin d'une oreille attentive ou d'une épaule compatissante pour son mieux-être et rester en bonne santé.
Si les services de santé spirituelle sont connus du public, beaucoup ignorent qu'ils soutiennent également le personnel du réseau de la santé. Le travail dans ce secteur n'a certes pas été facile ces dernières années, et l'équipe des services de santé spirituelle a pu aider le personnel à traverser cette période de plusieurs façons.
Tout au long de la pandémie, les intervenants des services de santé spirituelle ont été très occupés par les entretiens privés avec des membres du personnel qui avaient besoin de parler à quelqu'un, une ressource dont beaucoup d'entre eux ignoraient l'existence. Au plus fort de la pandémie, c'est tout le personnel du réseau qui a consacré beaucoup d'énergie à s'adapter aux changements de protocoles et de procédures de soins. De nombreux membres du personnel ont été transférés dans de nouveaux milieux de travail, afin d'apporter leur aide là où les besoins étaient les plus criants. Les membres de la famille des patients ou résidents ne venaient guère visiter et les vaccins venaient à peine de faire leur apparition. Un grand stress régnait partout au sein du personnel. Tout comme aux patients, clients, résidents et leur famille, les services de santé spirituelle offraient au personnel des entretiens empreints de compassion, une écoute active et un soutien tout particulier, très empathique et exempt de tout jugement. Beaucoup ont pu profiter de ces services.
Au centre Deer Lodge, on a également demandé à l'Occupational Stress Injury Clinic (clinique de traitement des traumatismes liés au stress professionnel) d'offrir un soutien au personnel. C'est une équipe multidisciplinaire de professionnels de la santé qui compose le personnel de cette clinique, dont des praticiens de la santé spirituelle et des travailleurs sociaux. Ensemble, ils ont mis à la disposition des membres du personnel un lieu où ils puissent se sentir à l'aise de parler de ce qu'ils vivaient et de découvrir ou de se faire rappeler les outils à leur disposition pour protéger leur état de santé mentale, physique et spirituelle.
L'équipe est également intervenue auprès des services aux prises avec des épidémies, notamment en préparant des directives à l'intention de la direction qui lui permettraient d'accompagner les membres de son personnel dans leur adaptation aux changements incessants, et en la conseillant au besoin en matière de deuil et de rituels.
Dans le cadre de cette démarche, le personnel de la santé spirituelle a reçu une leçon d'humilité en se rendant compte que de nombreux employés qui n'appartenaient pas au domaine clinique, comme ceux affectés à l'entretien ménager, avaient plus d'une décennie (ou deux) d'expérience sur les lieux. Même si on les considère souvent comme des employés de « seconde zone », ils sont essentiels à l'offre des meilleurs soins possible à nos clients. Après avoir souvent établi des relations personnelles avec les résidents, ils sont loin d'avoir été épargnés par la pandémie. Les services de santé spirituelle trouvaient important de les soutenir dans ces circonstances difficiles.
Il y a de bonnes raisons pour lesquelles le travail des praticiens a toujours comporté ce volet important de veiller sur les besoins du personnel. Les prestataires de services de santé sont exposés à des situations exigeantes sur le plan spirituel et émotionnel. Douées pour la compassion et l'attention aux besoins des autres, ces personnes font preuve d'empathie à leur égard, car ils ressentent la même chose qu'eux. Le fait de parler de ce qu'ils vivent ou de se confier à un praticien formé à la compassion peut aider les gens à gérer leurs émotions de façon saine, et à accomplir leurs tâches avec la concentration et l'attention nécessaires.
Les services de santé spirituelle n'ont pas vraiment pu faire grand-chose contre les afflictions amplifiées par la pandémie dans la vie ou sur le lieu de travail des gens. Toutefois, à titre de praticiens, leurs intervenants étaient présents à leurs côtés, pour ressentir leur douleur, être témoins de leurs traumatismes quotidiens, contribuer à canaliser les impressions qui envahissaient leur lieu de travail, nommer les chagrins et apporter une certaine sensation de calme.
Madame Deborah Martens et monsieur Doug Koop sont des praticiens en santé spirituelle au centre Deer Lodge et au Centre des sciences de la santé.