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Home » Nouvelles » L'accès équitable au traitement peut mettre fin à la tuberculose

L'accès équitable au traitement peut mettre fin à la tuberculose

Par Dre Heejune Chang
Office régional de la santé de Winnipeg
Publié le lundi 20 mars 2023

Quand on entend parler de tuberculose, aussi appelée TB, on peut être porté à croire qu'il s'agit d'une maladie du passé. 

En réalité, la tuberculose demeure l'une des maladies infectieuses les plus dévastatrices au monde – selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), en 2021, environ 10,6 millions de personnes l'ont contractée, et 1,6 million en sont mortes. À l'échelle planétaire, il s'agissait de la première cause de mortalité attribuable à un agent infectieux chaque année jusqu'à ce qu'elle soit surpassée par la COVID-19, en 2020 et 2021. Néanmoins, la présence de la tuberculose au Canada et au Manitoba demeure inquiétante : en 2022, 195 nouveaux cas de tuberculose ont été rapportés au Manitoba.

Le 24 mars de chaque année, l'OMS célèbre la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, une campagne menée pour faire mieux connaître les conséquences de la maladie et souligner l'engagement des pays du monde à l'éliminer par la prévention ainsi que par l'accès équitable aux soins et aux traitements.

Mais qu'est-ce que la tuberculose, au juste? C'est une maladie grave causée par la bactérie Myobacterium tuberculosis. Elle affecte généralement les poumons, mais peut aussi se développer dans d'autres parties du corps, notamment les ganglions lymphatiques, les reins, les os, la colonne vertébrale et le cerveau. Elle provoque des symptômes tels que la toux, la fièvre, les sueurs nocturnes et la perte de poids soudaine. Si ces symptômes peuvent être légers d'abord, ils s'aggravent par la suite, menant à la mort si la maladie n'est pas diagnostiquée ni traitée.

Malgré la production dans les années 1940 d'antibiotiques efficaces contre la tuberculose, la maladie sévit, notamment parce que plusieurs obstacles entravent l'administration adéquate des soins, mais aussi parce que nombre d'avancées sociales ayant mené à une diminution considérable de la propagation de la tuberculose dans plusieurs régions du monde depuis le milieu du 20e siècle n'ont pas connu la même distribution partout.

Comme la tuberculose est aéroportée, ceux dont les poumons en sont infectés la propagent en respirant, en toussant et en parlant. Cependant, contrairement à d'autres maladies hautement contagieuses telles que la COVID-19 et la rougeole, la transmission de la tuberculose peut prendre plusieurs semaines ou mois d'exposition répétée à une personne infectée et non traitée. C'est pourquoi son taux de propagation est plus élevé dans les logements densément peuplés, et qu'elle est associée à d'autres déterminants de la santé, dont la pauvreté, la malnutrition et la présence d'autres maladies chroniques pouvant augmenter le risque de transmission.

Si le risque de contracter la tuberculose est très faible pour la plupart des personnes vivant au Canada, la maladie touche encore une grande proportion des communautés autochtones, une réalité qui reflète les inégalités historiques et actuelles auxquelles ces populations font face.  

L'histoire récente a montré que certains facteurs inattendus peuvent avoir une incidence sur les traitements disponibles contre la tuberculose, ce qui diminue notre capacité à en prévenir la propagation. La persistance de la maladie à l'échelle mondiale a conduit à l'émergence de souches résistantes aux antibiotiques et, plus inquiétant encore, aux médicaments plus largement. Les antibiotiques habituels ne peuvent rien contre ces dernières souches, qui sont très difficiles et coûteuses à soigner. Avec l'apparition du VIH dans les années 1980, la combinaison VIH/TB s'est avérée fatale, forçant une révision des approches employées dans le traitement de la maladie et un virage vers l'action concertée pour réduire le taux de propagation. Puis, en 2020, l'éclosion de la COVID-19 a coïncidé avec la première augmentation du nombre de décès dus à la tuberculose dans le monde en plus de dix ans, une hausse probablement attribuable à la réaffectation des ressources à la gestion de la pandémie.

La tuberculose est évitable, traitable et même curable. Mais encore faut-il qu'elle soit détectée et diagnostiquée tôt. Une fois le diagnostic posé et le traitement entamé, il faut fournir aux personnes touchées les soins de santé et le soutien moral dont elles ont besoin tout au long du traitement pour assurer son succès.

C'est là la priorité de l’équipe de santé publique en matière de tuberculose de l'Office régional de la santé de Winnipeg. Nous accompagnons les personnes touchées par la tuberculose ainsi que leur famille et travaillons de concert avec leurs autres prestataires de soins pour leur offrir un encadrement intégré à domicile, dans les communautés ou à l'hôpital, depuis le diagnostic jusqu'à la fin du traitement. 

Comme l'affirme le thème de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose 2023, oui, nous pouvons y mettre fin. Mais seulement si nous travaillons ensemble pour nous assurer que tous les Manitobains, les Canadiens et les autres citoyens du monde ont accès aux soins et aux traitements de manière équitable, et pour corriger les iniquités qui contribuent à la persistance de cette maladie.

Dre Heejune Chang est spécialiste en santé publique et médecine préventive à l'Office régional de la santé de Winnipeg.

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